« Jane Eyre » de Charlotte Brontë : romance et allumettes

Après avoir enchaîné quelques romans dystopiques sur lesquels je reviendrai peut-être, j’avais envie de rêver un peu. C’est ainsi que je suis retombée sur ce monument de romantisme qu’est Jane Eyre de Charlotte Brontë. La première fois que j’ai lu ce roman, c’était en anglais, au lycée, il y a environ 15 ans. Inutile de préciser que je n’en ai pas gardé un grand souvenir. Retour sur cette seconde lecture, en français dans le texte.

Ça parle de quoi ?

Il y a ceux qui naissent sous une bonne étoile et il y a les autres. Les gens comme Jane Eyre par exemple. Recueillie très jeune par sa tante après la mort de ses parents, elle est rejetée et maltraitée par sa famille d’adoption. Elle n’a que 10 ans lorsque, à la suite d’une punition injuste, elle se rebelle violemment et est envoyée à Lowood, un internat intransigeant qui impose à ses pensionnaires le dénuement le plus total. Les conditions de vie sont rudes et nombre d’élèves sont bientôt terrassées par une épidémie de typhus, au cours de laquelle Jane perd sa meilleure amie. Une catastrophe qui donne toutefois un peu de répit à la jeune fille : l’ampleur du drame scandalise l’opinion publique et oblige le propriétaire à rendre le quotidien de ses pensionnaires un peu plus confortable. Notre héroïne passera 8 ans à Lowood, d’abord en tant que pensionnaire puis en tant qu’enseignante. Le temps a fait d’elle une jeune femme sage et vertueuse mais elle n’a pas renoncé à son caractère bien trempé. A 18 ans, elle décide de prendre son envol et trouve une place au château de Thornfield-Hall où elle devient la préceptrice de la pétillante Adèle, une petite Française. C’est là qu’elle fait la rencontre du propriétaire des lieux, Mr. Rochester, un quarantenaire secret et taciturne qui ne la laisse pas indifférente. Une vie plus agréable s’offre enfin à Jane, mais le manoir semble renfermer quelque obscur mystère. Quel est donc ce rire dément qui résonne parfois dans ses couloirs ?

J’en pense quoi ?

Comme je l’ai dit, je ne gardais pas grand souvenir de ce Jane Eyre. Ce fut donc une redécouverte totale de ce roman considéré comme une référence du genre. C’est bien simple, tous les ingrédients du romantisme sont là : la jeune femme prude et pieuse qui refoule ses sentiments, l’homme mûr ténébreux, le vaste manoir isolé… le tout enrobé dans un XVIIIème siècle aux joutes oratoires éloquentes et aux robes de bal somptueuses. A ma grande surprise, j’ai bien aimé. D’ordinaire, je lis assez peu de romans sentimentaux. Je préfère l’action, le suspense, l’aventure… Sans doute ma curiosité a-t-elle été titillée par le mystère induit par les rires glaçants et les ombres menaçantes qui s’invitent rapidement dans le quotidien de Jane. La relation que vont entretenir Jane et Mr. Rochester, platonique, pure, a fait le reste. Pourtant, force est de reconnaître que les protagonistes m’ont inspirée peu d’empathie, notamment Jane qui, enfermée dans ses principes et sa vertu, prend parfois des décisions incompréhensibles. Autre époque, autres mœurs, dira-t-on. La jeune femme est ce qu’on appellerait aujourd’hui une « control-freak » : ultra-rigide tout au long du roman, elle ne s’autorise que peu d’écarts. Il est donc difficile de la trouver sympathique. De manière générale, les personnages sont plutôt froids, dans la retenue permanente. Une attitude qui n’a rien de surprenant dans le contexte de la Haute société britannique du XVIIIème siècle mais qui m’a empêchée de quitter cette place de simple spectatrice pour m’impliquer plus avant dans l’histoire. Comme je ne veux pas spolier, je dirai simplement que peu importe l’issue du roman, je l’aurais appréciée de la même façon. Je n’ai été ni déçue, ni comblée par les événements qui ponctuent la vie de Jane. Ils se sont produits, voilà tout. Reste que, comme je l’ai dit, j’ai aimé. Bien que le roman soit plutôt contemplatif et lent, la vie de notre héroïne est suffisamment intéressante pour maintenir l’intérêt du lecteur et j’ai pris beaucoup de plaisir à voyager dans le temps à ses côtés pendant quelques heures. Le temps s’écoule tranquillement mais sûrement, avec son lot de petits événements quotidiens. Alors si vous êtes d’humeur fleur bleue et voulez vous évader un peu, loin de notre quotidien effervescent et sur-connecté, offrez-vous ce Jane Eyre, installez-vous confortablement au fond de votre fauteuil, faites une place au chat et lancez-vous…

En bref

  • J’ai aimé : la romance pure entre Jane et Mr. Rochester, le mystère qui entoure Thornfield-Hall, le cadre historique du XVIIIème siècle
  • J’ai moins aimé : le caractère et l’attitude de Jane, qui réduisent considérablement son capital sympathie

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