Le [Frigo] N°12 – La Loi LRU, c’est quoi exactement ?

Article rédigé pour Le [Frigo] n°12 (mars-avril 2009)

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Promulguée le 10 août 2007, la loi LRU a fait couler beaucoup d’encre ces trois derniers mois. Mais en quoi consiste réellement ces réformes qui font descendre les étudiants dans la rue ? Pourquoi les inquiètent-elles ? Gros plan sur un sujet qui fait l’actualité au sein des IUT.

Élaborée par la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pecresse, la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) est déjà entrée en vigueur dans vingt universités le 1er janvier 2009. Pour nous autres, étudiants du pôle de Montbéliard, elle ne s’appliquera qu’en janvier 2010. Alors concrètement, ça change quoi ?

Rendre l’université plus attractive?

Contrairement à ce qu’on a parfois tendance à penser, la loi LRU n’est pas juste la suppression du fléchage des moyens pour les IUT. A l’origine, cette loi a pour but de rendre l’Université plus attractive, celle-ci étant souvent vue aujourd’hui comme une « voie de garage ». En effet, le taux d’échec durant les trois premières années en faculté est inquiétant, beaucoup d’étudiants sortent sans diplôme et ceux qui réussissent éprouvent des difficultés à trouver un emploi.

« Contrairement à ce qu’on a parfois tendance à penser, la loi LRU n’est pas juste la suppression du fléchage des moyens pour les IUT. »

Il s’agit donc d’instaurer une réforme qui remettrait les universités dans le droit chemin, en créant un nouveau système d’organisation. Par exemple, plus question de s’inscrire directement dans l’université de son choix le jour de l’obtention de son Bac. Désormais, le lycéen devra s’être préalablement inscrit dans l’établissement qui l’intéresse au cours de son année de terminale, comme il le ferait pour entrer dans d’autres formations telles que le DUT ou le BTS. Il bénéficiera ainsi du « dispositif d’information et d’orientation » de l’UFR choisie.
Si, suite à ce dispositif, on estime que l’élève n’est pas apte à suivre cette formation, on lui en conseillera une autre plus adaptée. De plus, les établissements sont désormais tenus de publier leur taux de réussite.

On note également la création d’un « bureau d’aide à l’insertion professionnelle » dans chaque université, qui a pour but de diffuser des offres de stage, des offres d’emploi, et d’aider les étudiants à s’insérer professionnellement.

Enfin, les Conseils d’Administration sont dorénavant plus ouverts sur la société active puisqu’ils incluent davantage de membres extérieurs à l’université, tels que des chefs d’entreprise.

Money, money, money…

Passons maintenant aux changements côté finances. Dans LRU, il y a « liberté », voici donc quelques changements destinés à élargir la marge de manœuvre des universités. Certains de ces changements sont d’ailleurs considérés comme des « avancées décisives » par les présidents de certaines d’entre elles.

La première nouveauté consiste à laisser les universités gérer la totalité de leurs moyens. Un changement conséquent lorsqu’on sait qu’auparavant, leur autonomie budgétaire n’était que de 25%, et que c’est l’État qui gérait les 75% restant.

Elles peuvent également percevoir de l’argent de fonds privés, et certaines d’entre elles ont même déjà créé des fondations dans cette intention. On peut cependant s’interroger sur le danger potentiel de cette réforme: ne risque-t-on pas de voir des individus s’octroyer plus de droits qu’ils en ont sur une université, sous prétexte qu’ils lui ont versé de l’argent ?

Voici une nouveauté qui pourrait en intéresser plus d’un: La loi LRU permet dès à présent au chef d’établissement de recruter en CDD et CDI du personnel non fonctionnaire tel que des étudiants, pour travailler comme tuteurs et dans les BU. Ce type de contrat est conclu pour 12 mois au maximum et peut être modifié en fonction des vacances universitaires et des périodes de travail de l’élève.

Enfin, notons que les universités peuvent désormais devenir propriétaires de leurs locaux, à condition qu’elles en fassent la demande dans les 5 ans. Rappelons que jusqu’à maintenant, ces locaux appartenaient à l’État.

Et pour les IUT, il se passe quoi?

Voilà certainement le passage qui vous intéresse le plus. Comme vous le savez sûrement, les IUT recevaient auparavant des subventions directement de la part de l’État. Désormais, ces subventions seront versées en totalité aux présidents d’universités qui décideront de la part à redistribuer.

C’est principalement ce point qui effraie les étudiants. Selon eux, rien ne garantit une redistribution suffisante de ces subventions aux IUT. Sur le long terme, les Instituts Universitaires de Technologie risquent de voir une diminution conséquente de leurs crédits, la majorité risquant d’être allouée aux Universités qui, comme tout le monde le sait, manquent de moyens.
Cela risque d’avoir des conséquences rapides et directes sur la qualité de l’enseignement dans les IUT: plus de cours en amphi, moins de personnels, donc moins de TP ou des étudiants trop nombreux dans ceux-ci, du matériel de moins bonne qualité et moins souvent remplacé…

« Sur le long terme, les Instituts Universitaires de Technologie risquent de voir une diminution conséquente de leurs crédits.« 

Les étudiants craignent également une augmentation des frais d’inscription, les établissements se devant de trouver des sources de revenus supplémentaires. Personnels et étudiants exigent donc qu’un contrat soit signé entre les universités et les IUT, garantie écrite leur assurant des moyens suffisants, nécessaires à la qualité de leur enseignement et au maintien de la valeur nationale du DUT. Ils craignent en effet que celle-ci disparaisse si certains IUT perçoivent plus de revenus que d’autres. Les employeurs pourraient alors penser qu’un DUT obtenu dans un IUT « riche » a davantage de valeur qu’un DUT obtenu dans un IUT moins chanceux.

La mobilisation aujourd’hui

Les pôles de Belfort et de Montbéliard se sont respectivement mis en grève avec suspension des cours les 3 et 5 décembre 2008. A Montbéliard, de nombreux ateliers ont immédiatement été mis en place pour organiser la première manifestation qui se déroulait à Belfort le 9 et qui a inauguré le « Freeze ». Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce moyen de communication, il s’agit pour une foule de personnes de rester immobile pendant trois à quatre minutes, de préférence dans un lieu bondé.

Malheureusement pour ses participants, cette première manifestation rassemblant 450 personnes – personnels et étudiants – n’a eu que peu d’impact. En effet, les manifestations lycéennes, plus nombreuses, ont facilement éclipsé le mouvement estudiantin.
Une baisse de fréquentation des Assemblées Générales sur le pôle de Montbéliard a bien failli être fatale au mouvement, mais le « coup de gueule » de quelques étudiants est semble-t-il parvenu a remotiver les troupes.

Le 11 décembre, un nouveau freeze a surpris le marché de Noël. Celui-ci a été perçu favorablement par les passants ce soir-là et a permis aux étudiants de se faire entendre davantage et de rallier un peu plus l’opinion publique à leur cause.

Une nouvelle manifestation s’est ensuite déroulée à Montbéliard le 16 décembre, suivie d’une nuit de défense des IUT sur le site des Portes du Jura. Au matin, le mouvement a fait la une des deux principaux journaux locaux, l’Est Républicain et le Pays, ce qui a donné un nouvel élan aux étudiants qui se sentaient enfin soutenus par les médias.
Les vacances de Noël ont mis cependant un gros point d’interrogation sur la poursuite du mouvement.

Les actions ont repris le 22 janvier avec une manifestation nationale. Vous pouvez trouver des informations sur Facebook, dans les groupes « Sauvons les IUT » et « Non à la disparition des IUT », sur le site sauvonslesiutetaudela.wordpress.com et sur iutendanger.unblog.fr et iutfc.co.cc pour les infos des IUT de Franche-Comté.

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