Je suis enfin allée voir « Millenium » hier – avec mes deux places gratuites, hihi -. Je ne m’attendais ni à être déçue, ni à être totalement enthousiasmée, suite aux critiques de tout acabit que j’avais pu entendre auparavant. Certains étaient satisfaits, d’autres carrément dépités. La bande-annonce m’avait vraiment emballée, mais j’émets toujours quelques réserves pour un film lorsqu’il s’agit d’une adaptation littéraire. En effet, rares sont les réalisateurs qui réussissent à rester fidèles à l’œuvre originale. Et bien après avoir vu le film, première constatation : voilà quelque chose qu’on ne pourra pas reprocher à Niels Arden Oplev !

« Millenium » est adapté de « Les hommes qui n’aimaient pas les femmes », premier opus de la saga de Stieg Larsson, Millenium. J’ai déjà raconté l’histoire ici, je ne vais donc pas me répéter là-dessus. Ce que je dirai en revanche, c’est que ce roman est un thriller particulièrement complexe, entremêlant magouilles judiciaires et secrets de famille. Adapté tout cela au cinéma sans en perdre la moitié tout en conservant la même atmosphère glauque et pesante me semblait être un défi particulièrement ardu à relever. Je suis rassurée : « Millenium, le film » a dépassé mes espérances.

L’intrigue captive, Noomi Rapace émerveille

Parlons tout d’abord des personnages. Je n’ai eu aucun mal à m’habituer au physique des différents acteurs, qui, pour moi, correspondaient à peu près tous à l’idée que je m’en faisais en lisant le livre. Le seul acteur qui m’a un peu surprise est celui qui incarne Henrik Vanger. En effet, je l’imaginais beaucoup plus vieux, plus affaibli et… plus dégarni.
Malgré tout, il y un personnage qui surpasse tous les autres (je suis sûre que vous me voyez venir, non ?). Bien sûr, il s’agit de Lisbeth Salander, quasi-personnage principal, interprété par la talentueuse Noomi Rapace. Que dire, sinon que l’actrice est née pour jouer le rôle de cette hackeuse de talent, rebelle et tourmentée ! Rapace incarne Lisbeth à la perfection, à tel point que les deux ne font vraiment plus qu’un à l’écran. C’est d’autant plus remarquable que les scènes de ce personnages étaient particulièrement difficiles à jouer : scènes de viol, d’agression, de meurtres… rien ne lui a été épargné. Et pourtant, malgré toutes ces scènes trash et choquantes, la jeune femme taciturne reste touchante derrière son épais maquillage noir.

La bande-son maintenant, rapidement. Je l’ai trouvée plutôt en phase avec le contexte, même si elle arrive parfois de façon inattendue. Cela dit, elle joue parfaitement son rôle : faire monter la pression. Quant aux décors, ils restent également très fidèles à l’œuvre originale: tout se passe en vase-clos, sur une petite île habitée uniquement par les membres de la grande et riche famille Vanger et reliée au monde extérieur par le seul biais d’un pont interminable. Cela ne fait que rendre plus intense la lourdeur ambiante : le jour de la disparition d’Harriet, ce pont était coupé à la suite d’un accident. Seul un habitant de l’île, donc un membre de sa famille, peut être responsable de cette affaire…

Des modifications bien intégrées

Je noterai aussi la foule de raccourcis employés lors de cette adaptation. Par exemple, Lisbeth apparaît dès le début du film, alors qu’on n’apprenait son existence que bien plus tard dans le livre. De même, certains éléments découverts par Mikael après plusieurs semaines/mois d’enquête apparaissent ici très rapidement. Certains passages sont modifiés pour éviter d’avoir à ajouter trop de personnages secondaires, tandis que d’autres sont purement et simplement supprimés. Pour autant, ce n’est pas un point négatif car, dans l’ensemble, tout cela est très bien intégré. Au contraire, j’ai par exemple été rassurée de voir qu’une bonne partie du début avait été passée sous silence. Je me rappelle en effet avoir trouvé les 100 premières pages du roman longues, trop longues. Ici, pas de chichi, on entre directement dans le vif du sujet, et c’est parfait !

Si Niels Arden Oplev a fait l’impasse sur quelques détails, il a également pris la liberté d’insérer de nouveaux éléments non présents dans l’œuvre originale : quelques flash-backs révélant au compte-goutte le passé de l’énigmatique Lisbeth. C’est déroutant, mais j’ai tout de même apprécié d’en savoir un plus sur ce personnage emblématique.

En conclusion, ce « Millenium » est pour moi une excellente adaptation. Si vous êtes fan d’enquêtes tordues et de mystères en tous genre, vous apprécierez certainement ce thriller. Dommage d’ailleurs que les deux autres tomes ne soient pas prévus au cinéma. « La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » et « La Reine dans le palais des courants d’air » seront seulement adaptés en série télévisée, dont Canal+ a déjà acheté les droits.